«El poeta no quiere salvarse; vive en la condenación y todavía más, la extiende, la ensancha, la ahonda. La poesía es realmente, el infierno. El infierno, que es —como siglos más tarde un poeta platónico dijera— “el lugar donde no se espera”, es también el lugar de la poesía, porque la poesía es lo único rebelde ante la esperanza de la razón. La poesía es embriaguez y solo se embriaga el que está desesperado y no quiere dejar de estarlo. El que hace de la desesperación su forma de ser, su existencia».
Fue María Zambrano quien buscó explicar parte de la esencia del poeta. Parece lógico pensar que los poetas son verdaderamente diferentes.
Visten igual que nosotros, a veces ven fútbol y leen libros conocidos. También se toman una cerveza y desearían no tener que pagar impuestos. Tienen ciática, porque se rebajan a los trabajos más cotidianos posibles, pero en el momento en que nadie mira o que una puerta se cierra abriendo el terreno de la soledad, ellos se transforman. Quizás tengan una especie de interruptor que permite adentrarse en un mundo de sensibilidad solo comprensible para ellos.
Son gente diferente. Esa potencia cognoscitiva parte de dentro. No creo que sea algo que se pueda aprender, como las matemáticas. Es algo que nace en el espíritu y solo ciertos seres poseen.
Como cantó el inolvidable Jean Ferrat.
Je ne sais ce qui me possède
Et me pousse à dire à voix haute
Ni pour la pitié ni pour l’aide
Ni comme on avouerait ses fautes
Ce qui m’habite et qui m’obsède
Celui qui chante se torture
Quels cris en moi quel animal
Je tue ou quelle créature
Au nom du bien au nom du mal
Seuls le savent ceux qui se turent
Machado dort à Collioure
Trois pas suffirent hors d’Espagne
Que le ciel pour lui se fît lourd
Il s’assit dans cette campagne
Et ferma les yeux pour toujours
Au-dessus des eaux et des plaines
Au-dessus des toits des collines
Un plain-chant monte à gorge pleine
Est-ce vers l’étoile Hölderlin
Est-ce vers l’étoile Verlaine
Marlowe il te faut la taverne
Non pour Faust mais pour y mourir
Entre les tueurs qui te cernent
De leurs poignards et de leurs rires
A la lueur d’une lanterne
Étoiles poussières de flammes
En août qui tombez sur le sol
Tout le ciel cette nuit proclame
L’hécatombe des rossignols
Mais que sait l’univers du drame
La souffrance enfante les songes
Comme une ruche ses abeilles
L’homme crie où son fer le ronge
Et sa plaie engendre un soleil
Plus beau que les anciens mensonges
Je ne sais ce qui me possède
Et me pousse à dire à voix haute
Ni pour la pitié ni pour l’aide
Ni comme on avouerait ses fautes
Ce qui m’habite et qui m’obsède